Ruissellement des eaux pluviales & salpêtre - Bonnieux (84)

Au niveau de la rue Droite , à l'Est du centre village de Bonnieux, un particulier a sollicité Luberon Patrimoine pour une intervention délicate : quelques temps après de violents orages,  les eaux pluviales pénètrent  dans sa cave aménagée, par capillarité dans la roche,  puis dans le corps des murs en s'infiltrant par des fissures de l'enduit ou par les joints de maçonnerie. Les pièces aménagées en sous-sol  sont donc grandement affectées.

Le sol reçoit une grosse quantité d'eau qui glisse sur le carrelage jusqu'en milieu de pièce. Il n'y a pas d'évacuation possible et l'eau stagne jusqu'à évaporation.

S'agissant d'une résidence secondaire, il ne peut y avoir une intervention humaine rapide. De surcroit, ces pièces situées en sous-sol ne respirent pas, génèrent du salpêtre et souffrent de soubassement de murs humides avec des enduits qui se décollent.


Les anciennes maçonneries n’ont pas de coupure de capillarité surtout lorsqu'elles sont enduites au mortier de ciment, comme cela a été fréquent dans les années 1970/1980 : elles sont donc soumises à des remontées capillaires, fréquemment chargées de sels (carbonates, sulfates, nitrates ou autres).

Au fil des saisons, le niveau des remontées d’humidité varie. L’eau s’évapore, des traces d’humidité apparaissent et les sels se déposent en surface. Au contact de bactéries, certains sels deviennent salpêtres.

Kitchenette


Salle d'eau


Chambre


Espace chaudière


Les équipements de protection sont de rigueur


Pour empêcher l’apparition de tâches d’humidité et de salpêtre en surface de l’enduit, la production d'un réseau important de canaux, facilitera le cheminement et l’évaporation rapide de l’eau.

Pour éviter l'éclatement de l'enduit, il faut créer, à l 'intérieur du sous-enduit, des réservoirs qui permettront de stocker les sels et de supporter leur expansion.

Pour conserver le fonctionnement des deux principes précédents, l’enduit d'assainissement Sanimur permet les échanges gazeux du sous-enduit avec l’atmosphère.



Conclusion

Les échanges « habituels » de la partie basse de cette maison de village ont été altérés et modifiés dans leur fonctionnement.

Le fait d’avoir supprimé les caractéristiques initiales du bâti (d’un sol probablement en terre battue, on est passé à une chape en béton), entraine le reflux de l’humidité en soubassement de murs. Il ne faut jamais assez répété que le ciment est incompatible avec le bâti ancien car non  perspirant.

Disposer d’un dallage jointif (même s’il s’agit de dalles en terre cuite) accentue le phénomène.

Lorsqu’elle est réputée « saine », une cave traditionnelle reste humide : c’est un ouvrage souterrain et voûté, construit en maçonnerie perméable de pierres hourdées à la chaux, en contact avec le sol extérieur, sur au moins un de ses côtés. L’ensemble est faiblement ventilé, eu égard à son volume.

L’humidité d’une cave a pour origine essentielle les eaux du sol qui imbibent les diverses parties de l’ouvrage souterrain et qui, cheminant dans le voûtement, vont remonter par capillarité. Dans notre cas, il y a également descente par capillarité puisque l'eau de ruissellement de pluie  traversait la roche poreuse puis l'enduit inadapté.

L’espace sera assaini par le rétablissement d’une aération efficace (ouverture des soupiraux, Ventilation Mécanique Répartie, véritable alternative à la VMC et plus adaptée au bâti ancien).

En enduisant le soubassement de murs avec un enduit formulé,  on utilise tout le potentiel des mortiers de chaux naturelles. L'enduit utilisé remplit parfaitement ses fonctions car spécialement formulé pour résister aux sulfates se destine à assainir les maçonneries salpêtreuses ou humides.

Lors de l'élaboration du devis de ce chantier, il était question de reprendre l'intégralité des sols en cassant la chape actuelle pour produire une chape en béton de chaux, ayant la  particularité d'être imperméables à l'eau et perméables à l'air. Cela favorisent donc les échanges gazeux entre l'intérieur et l'extérieur du bâti. Cette solution n'a pas été retenue compte tenu du ruissellement en eau vraiment impressionnant à la suite de fortes pluies. Outre les remontées capillaires préoccupantes, c'est dans la manière de gérer les infiltrations d'eau descendantes que le chantier a été géré. Il est prévu, en parallèle à ces travaux, que le propriétaire revoit l'efficacité de son drain extérieur, très probablement endommagé.

CUVELAGE NON RETENU (car non adapté aux désordres constatés + au type de bâti)

En cas d'infiltrations généralisées, une autre alternative existe, qui consiste à rendre le mur étanche par cuvelage. 
Une solution consiste, après décapage, à recouvrir d'un enduit hydrofuge toute la surface du mur, , du plafond et du sol. On appliquera ensuite un enduit de finition au mortier de ciment qui protégera l'ensemble.
En présence d'un mur plein, comme un mur de pierre, l'injection d'une résine hydrophobe (Silane-Siloxane), semble être efficace contre les remontées capillaires. Elle protègerait le matériau dans la masse.


Autour du chantier